[Précédent épisode : J2, première piste de montagne, des glaciers et une petite dose de frayeurs]

Au menu du jour : du soleil, une arrivée au paradis, et encore des nouilles chinoises

Indices pour la journée =) 
Indice de content au maximum 
Indice de fatigue 3/10
État de motivation au maximum 
État de la moto ça va

La nuit fut mitigée. J'avais choisi un coin de camping un peu isolé des autres. Mes voisins de camping sont arrivés en milieu de nuit, mais pas en mode discret, plutôt en mode "portières claquées", gros rires de soulards, gonflage de matelas au compresseur... Et j'ai remarqué que très peu de monde ici sont en tente en mode warrior. Il y a quelques cyclistes, des motards. Pour le reste, les gens sont soit en camping car (par dizaines), soit en van. Bref, une nuit saccadée et un réveil sous une bruine qui mouille tout.

Premier point concernant l'équipement que j'ai pris en trop : j'ai avec moi deux lampes frontales et une lampe de camping. Complètement inutile car à cette époque de l'année et sous ces latitudes, il ne fait pas nuit. Pas plein jour non plus, mais suffisamment clair pour lire un livre à 03h du matin.

J'avais prévu d'aller dans un fjord à l'est d'Egilsstaðir pour la prochaine nuit, pour repartir le lendemain plus au nord. Mais la météo annonce tempête de ciel bleu au nord. Je décide donc d'aller là-bas pour les trois prochains jours : il semble qu'il y ait des pistes sans but à explorer (chouette !), des plages, des montagnes et de petites randos à pied. Je pourrai surtout laisser toutes mes affaires au même endroit, ce qui m'évitera de packer et dépacker tout mon barda.

En route, avec pour changer de registre et nous accompagner aujourd'hui, du Vitalic.

Package humide du matos et petit dej avalé à la va vite sous la tente, direction le nord-est. Petit arrêt technique à la sortie de Djúpivogur où je croise deux cyclistes qui disent m'avoir vu la veille à *un nom islandais que je n'ai pas retenu*. Je leur répond que non, je n'étais pas là bas, et ils insistent, et moi aussi. Je leur montre sur ma carte d'où je viens. En fait si, c'était moi. On n'était juste pas trop en phase sur la prononciation des noms de localités islandaises. Ca promet d'être simple tout ça !!

A peine ai-je roulé quelques kilomètres que la pluie s'estompe et fait place au soleil. Avant le retour de la pluie, du vent, puis soleil... Météo normale. J'ai d'ailleurs décidé de laisser la moto constamment en mode pluie (sacoche réservoir étanche et accessoires laissés à l'extérieur qui ne craignent pas l'eau), vu le temps perdu à chaque changement de temps.

Les routes et pistes sont bien roulantes : je roule à 80-100 dessus sans soucis. Très agréable. Ca chasse un peu, ça dérape dans les virages, mais j'ai de bons pneus. On prend gout à conduire sur ce terrain, je double les touristes en voitures de location.

[1] Petits détours
En chemin, des "petites" cascades photogéniques

La route 1 suit les fjords. Entre deux, on trouve souvent une piste qui coupe par la montagne et qui ressort sur le fjord d'après. Ce matin, j'ai donc voulu faire ça pour gagner du temps et éviter la longue route côtière. D'autant plus que j'ai pas mal longé cette côte hier : l'appel de la montagne se fait !

Ces pistes sont souvent des routes plus techniques car pas asphaltées, trouées et sinueuses. Certaines ne sont même pas reprises sur ma carte. Mais pour celle qui m'intéresse, je l'avais prise la veille, donc je me lance serein sur la piste 939. Hier quand je suis passé, ils refaisaient la piste. Ca consiste à répandre un mélange de graviers et de terre, et à les tasser très grossièrement, et compter sur les véhicules suivants pour finir le job (véhicules à 4 roues...). A l'aller, nickel, c'était sec. Or là, je me suis retrouvé dans une purée de pois, et la terre déposée la veille s'est transformée.... en boue (pas besoin d'avoir fait les Mines pour le deviner). Ces pneus sont top sur le sec, mais j'avais lu que dans la boue ce n'était pas le pied. Plus je monte, plus le brouillard s'épaissit. Je ne vois que le piquet de balisage suivant. Je découvre la route sur les 10 prochains mètres : "ah, ça tourne", "ah, un mouton", "ah, merde il manquait un piquet, je suis pas du bon côté de la route".

Une fois passé ce "raccourci" qui finalement m'a rallongé, je suis donc d'un marron uniforme, couleur boue.

Je repasse par Egilsstaðir, puis je prends plein nord sur la 94. Un vent de fou sur la route, surtout sur la côte nord. La route est toute droite, non asphaltée. Les paysages sont moyens, passables, bof quoi.

Riding ^_^
[94] Le cadre de la pause dej
[94] Arrivée en haut d'un petit col à 400m d'altitude
[94] ...où m'attendent de graannnds virages bien larges pour redescendre de l'autre côté
[94]
[94]
L'envers du décor (parce que j'oublie d'arrêter la gopro lors de mes arrêts photos...)

J'arrive à Bakkagerði, où se trouve un gros camping, un petit restaurant et un bar. Toutes commodités à proximité ! Autant dire que je poursuis ma route ;) Pas bien longtemps car je me rend compte que j'ai oublié de prendre de l'essence, et que si j'arrivais au bout de la piste F946 sur laquelle je me lançais, je ne pouvais plus en repartir. Bien joué Matthieu !

Donc retour à Bakkagerði, plein d'essence, puis re-demi-tour. Me re-re-revoilà donc sur la route 94 qui devient 946 au sortir du village.

Toutes les commodités sont à Bakkagerði : fuyons !
[946]
[946]
[946]

Je multiplie les arrêts photos, je n'avance pas ! Mais à chaque col ou virage qui s'ouvre sur un nouveau paysage, je suis subjugué. Après avoir un peu galéré dans les cailloux sur cette 946 qui deviendra ensuite F946 (les pistes F, c'est donc bel et bien la chiotte, on adore !), bien fait travailler toute la partie cycle de la moto parce que bon, on va pas se trainer faut rouler quand même, et par conséquent prié pour que la bagagerie ne pète pas de partout, j'aperçois une cabane sur le versant d'en face.

Je comprends qu'il s'agit du camping dont j'avais vu les indications au village d'avant. Pas de réseau téléphonique, le camping plus cher que d'habitude, pas d'électricité, et pas de quoi manger sur place, mais bel et convaincu que j'allais rester ici :

Pas mal non ?

Le camping est gardé par deux amis et leur compagnon/compagne respective. Je discute avec eux, ils m'expliquent qu'ils sont là par roulements. Ils perçoivent les règlements pour le camping et ils restent une semaine gratos ici. En gros, c'était leur vacances, sympa comme cadre !

Je suis tout seul pour l'instant. Je m'installe donc, comblé par l'endroit !

Douche chaude, je vous assure !
"Camping" pour 2 nuits
Vue sur le géant blanc
L'enfer sur Terre, vraiment
Vue depuis la chambre
Le géant blanc veillera sur nous pour ces deux nuits

Le temps passe, c'est l'heure du dîner ! Au repas : encore des nouilles chinoises, mais pas mauvaises cette fois-ci, avec mes tranches de rosebeef (mais WTF ces menus bordel ?!).

Puis le gardien m'amène un mug rempli d'une boisson. Je pensais que c'était du thé ou du café car ça fume. En fait, il m'explique que c'est du Shra, avec du chocolat chaud. En reniflant, je comprend que c'est du chocolat chaud genre 60° (et je ne parle pas de degrés Celsius...). Plutôt sympa !

C'est un chocolat chaud, avec de l'alcool quoi... Spécial. J'ai été lui rendre la tasse. Tout ça pour apprendre que ce n'est pas une boisson islandaise. Pour le folkore on repassera car c'est une boisson Autrichienne dont il a rapporté la recette d'un voyage. Bon on fait pas les difficiles, c'est pas super bon, mais il m'a payé deux autres coups ;) Mon Viking d'hôte éphémère me raconte qu'il est médecin à Reykjavik, qu'il aime la neige, le froid, qu'il a hâte que l'été termine. Il fait 7-8°, il est en short. Moi en polaire et bonnet. Tout va bien. On parle du Géant Blanc (j'ai oublié le nom islandais), la plus vieille montagne d'Islande, qui date du Jurassique. Bref, une soirée tout ce qu'il y a de plus agréable ! Le chocolat chaud et les kilomètres effectués dans la journée ont alors raison de moi, bonne nuit !

Prochain billet : 4ème et 5ème jours. Toujours du soleil, une rencontre, une chute, premier passage à gué islandais, et piscine municipale.